Comme les autres

J’allume la télé. Juste pour avoir rapidement des nouvelles du monde. Une succession de nouvelles immondes dont je me délecte et qui m’empêchent de me plaindre de ma condition. Je regarde maintenant mon téléphone, mon défilé d’horreur. Tout le monde le fait. Pas de surprise, toujours le même chaos. On s’ennuie si facilement.

On bousille cette maison que nous appelons notre planète, avec tant d’art que certains continuent de le nier. Tout ça durcit des positions basées sur une mauvaise communication, la vérité n’est que ouï-dire. Ils choisissent une vérité à laquelle ils croient, comme une sorte de religion, puisqu’il y a tant de choix et de réalités discutables. Ce sont les mêmes qui nous exploitent, nous écrasent. Ils ne veulent pas croire ce qu’ils ont fait. Ils te volent tous les rêves qui trainent, toutes graines que tu sèmes. C’est l’or de nos yeux qu’ils nous volent et on en crève et cette haine me dévore. On nous laisse juste pourrir. Les oppressions systémiques, les dégradations, le ravitaillement archaïque, la masturbation, le kitsch libéral, les arbres qui tombent uns à uns, la surexploitation, le climat en chute libre…

Nous qui menions des émeutes, où sommes-nous ?

Ceux qui se faisaient entendre dans les rues, ceux qui s’agenouillaient sur les terrains, ceux que se font voir…

Où sont les résultats de nos combats ? Les nouveaux droits, la vie meilleure…?

Empoisonnez-nous chers parents. Vous avez provoqué une guerre et devinez quoi, on est tous invités.

Et je regarde le monde brûler en continuant de ne penser qu’à moi-même.

Je n’ai plus de larmes, plus d’espoir, ni même de rage. Je ne ferai pas d’histoire, je resterai dans le noir, je m’étoufferai s’il le faut avec mon cafard, pour moi, il est déjà trop tard.  Je suis perdue, j’ai peur et je préfère me taire, cachée derrière toute ma lâcheté.

Et toi, pourquoi tu fais comme moi ?

Nous choisissons la pilule bleue, on veut faire les Peter Pan. Nous allons rester naïfs ce soir, nous fuirons la vie réelle.