Les gens de papier

Sur la scène, on a jeté du papier froissé. Des feuilles blanches sur le sol de chêne. Des maisons, des rues, des arbres. Et de petites personnes. Toutes griffonnées. Coincées dans leur petite vie étriquée. Sans se soucier de ce qu'il y a d'écrit sur les autres, parce qu'ils n'ont pas envie de s'embêter avec ça et croient que leurs écritures suffisent. Ils ne pensent qu'à l'encre noire qui les recouvre. Un style d'écriture pour chaque personne, pour que tout le monde se croit différent. Ils se délectent de leur corps d'encre, si heureux d'être tristes. Et quand ils n'en ont pas assez, ils écrivent sur les autres. Ils enfoncent la mine jusqu'à l'os. Ils parcourent le monde de papier, comme s'ils s'amusaient. Et les autres croient ce qu'on leur dit. La vérité c'est qu'ils se dessinent leur enfer. Ils se laissent croire qu'ils savent ce qu'ils font, qu'ils vont s'en sortir. Mais les gens de papiers ne sont pas assez ignorants pour éluder qu'ils ne savent rien. Ils ne sont jamais si heureux ni si malheureux qu'ils se l'imaginent. Ils écrivent à l'aveuglette, gravant le chaos. Ils allument la lumière pour essayer de voir les étoiles.