Chéries

Mes chéries, n'oubliez pas vos boucles, vos perles et tous vos corsets. Ne croisez pas les jambes, levez le petit doigt. Taisez-vous, écoutez. Souriez, tenez-vous droites. Et courez vite pour vos mères et courez vite pour vos pères, pour vos enfants et pour vos frères et sœurs. Laissez parlez votre amour et nostalgie naturelle. Occupez-vous bien de vos proches, de la maison et du jardin. Aimez les fleurs, les roses surtout, et attendez vos maris dans la véranda, un verre de limonade fraiche l'attendant, préparé par votre amour. Soyez sérieuses, discrètes, polies et positives. Ne trainez pas dehors dans la crasse des éclats de rire enfantins, prenez le thé avec les dames du quartier. Mettez de jolies robes et des rubans dans vos longs cheveux. Fermez vos cols, couvrez vos genoux et surtout ne riez pas trop fort, ni trop d'ailleurs.

Mais c'est la fin de cette époque. Maintenant, courez dans les rues, hurlez de rire dans vos hauts de bikini noirs. Révélez-vous vraiment, laissez parler vos yeux sauvages, vivez libre. Ne faites pas semblant d'aimer la conformité. Vous êtes les enfants de cette mauvaise révolution et vous allez être libre d'être qui vous voulez être.